A force de tourner en rond on finit par tourner mal.

Publié le par fabien

Texte paru dans l’écho des cités (journal du MIB) octobre 2001
 
C’est autour d’un rond-point que Youssef a perdu la vie. Toutes les mères de familles doivent se sentir concernées par la mort de l’un de leurs enfants. En particulier quand les "gardiens de la paix" troublent l’ordre public en semant la mort, en abattant d’une balle dans la nuque notre progéniture. Alors, je me dis que depuis l’acquittement du policier Hiblot, il est grand temps que nous apprenions à "élever"(mais oui apparemment c’est de l’élevage) nos enfants et qu’enfin nous inversions l’ordre des choses.
Et oui ! Vous les mères issues de l’immigration, l’institution policière et judiciaire vous a condamnées. Vous êtes des mauvaise mères. Vous ne les aimez pas (d’ailleurs savez-vous aimer ?), vous ne savez pas les éduquer. C’est la rue qui fait votre travail, vous êtes coupables de laisser sortir vos gosses, de les laisser respirer, même l’air polluée ambiant, en un mot, vous êtes nulles.
Nous ne rentrerons jamais dans leur moule. Mme KHAIF l’a compris lorsque la présidente du tribunal Muller a posé la fameuse question : "que font les femmes de votre génération pour s’occuper de leurs enfants ?". Toutes les femmes assises dans la salle ont senti leurs coeurs chavirer et l’envie de hurler et de répondre "mais on les aime !".
OK Mme Muller, Messieurs Junillon, Mégret, tous les "collègues", message reçu ! Alors à partir d’aujourd’hui, les remès vont changer d’attitude. Nous allons enfermer à double tour nos délinquants de moutards. On va se réunir au bas du bâtiment, on tiendra les murs de peur qu’ils ne s’écroulent, on refera le monde et l’avenir des nôtres autour d’un thé, et on se lâchera peut-être jusqu’à rouler un joint, histoire que ce soit moins dur ! Le samedi soir, on se préparera à voler quelques voitures, faut bien les aérer ces gosses non ? On les accompagnera jusqu’en discothèque et quand ça se passera mal, dû à leur sale gueule de métèques, on se battra avec les videurs, ces salauds qui les empêche de s’éclater. On les attendra tranquilles et quand ils seront fatigués d’avoir trop dansé, trop transpiré sur des musiques sans espoir, on les conduira à travers nos cités, si belles en pleine nuit. Et puis, pour faire la fête jusqu’au bout, on roulera à travers la ville, faisant un peu de bruit de quoi effrayer les chats, on fera de grands tours et plein de ronds points.
Et si on aperçoit des gyrophares vite, vite, on prendra la fuite dans le sens opposé ( pas vu pas pris !). Et si par malheur on tombait sur un barrage, alors ils nous tireraient dessus alors qu’on prenait la fuite... la fuite... Et là.... je m’écroulerais morte, foudroyée, la tête sur le volant, abattue d’une balle dans la nuque.
Mon fils porterait plainte, se constituerait partie civile, il expliquera que ce n’était qu’un jeu, que c’était pour rire... que j’étais la meilleure de mères, que je voulais juste donner ma vie pour sauver la sienne, que je voulais juste que ce soit un bon garçon qui ne prendrait jamais de risque. Ca n’était qu’un jeu Mme Muller, ce n’était qu’une voiture avec un peu d’essence dedans, pas de quoi en mourir...
Les mères ont mal tournées. Elles ont pété des câbles de partout, elles enterrent leurs enfants. Lorsque des enfants perdent leurs parents, on dit d’eux qu’ils sont orphelins, quand on nous tue nos gosses, on dit quoi ? Nos rêves de mères sont si simples, on veut les voir aller à l’école, devenir étudiants, qu’ils aient un job, qu’ils se marient, qu’ils aient des enfants. Et que nous devenions enfin des grands mères ...bordel ! Et enfin enfin la nature reprendra ses droits et nos gamins nous fermeront les yeux et on pourra partir en paix...
Une mère de famille en colère

Publié dans Tribunes libres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article